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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/453

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Scène IX

ROSEMBERG, seul.

Elle va revenir ! elle me dit de l’attendre pendant qu’elle va éloigner tout son monde ! Peut-elle me faire mieux entendre que je ne lui ai pas déplu ? Que dis-je ? n’est-ce pas m’avouer qu’elle m’aime ? n’est-ce pas là le plus piquant rendez-vous ?… Parbleu ! j’étais bien bon de me creuser la tête et de dépenser mon argent pour imiter ce sot de Jachimo ! C’est bien la peine de s’aller cacher, lorsque, pour vaincre, on n’a qu’à paraître ! Il est vrai que je ne m’attendais pas, en conscience, à me faire écouter si vite. Ô fortune ! quelle bénédiction ! non, je ne m’y attendais pas. Cette fière comtesse, ce riche enjeu ! tout cela gagné en si peu de temps ! Qu’il avait raison, ce cher Uladislas ! Je vais donc l’entendre me parler d’amour ! car ce sera son tour à présent ! elle ! Barberine ! ô beauté ! ô joie ineffable ! Je ne saurais demeurer en repos ; il faut pourtant un peu de patience.

Il s’assoit.

En vérité, c’est une grande misère que cette fragilité des femmes. Conquise si vite ! est-ce que je l’aime ? non, je ne l’aime pas. Fi donc ! trahir ainsi un mari si plein de droiture et de confiance ! Céder au premier regard amoureux d’un inconnu ! que peut-on faire de cela ? J’ai autre chose en tête que de rester ici. — Qui maintenant