Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/50

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Un jeune homme.

Eh bien ! la noce était-elle jolie ? As-tu fait valser la mariée ? Quand ta garde sera-t-elle relevée ? Tu mets sûrement le mot d’ordre en musique ?

Razetta.

Allez-vous-en à vos plaisirs, et laissez-moi.

Une voix de femme.

Non ; cette fois j’ai gagé que je t’emmènerais ; allons, viens, mauvaise tête, et ne trouble le plaisir de personne. Chacun son tour ; c’était hier le tien, aujourd’hui tu es passé de mode ; celui qui ne sait pas se conformer à son sort est aussi fou qu’un vieillard qui fait le jeune homme.

Une autre.

Venez, Razetta, nous sommes vos véritables amis, et nous ne désespérons pas de vous faire oublier la belle Laurette. Nous n’aurons pour cela qu’à vous rappeler ce que vous disiez vous-même il y a quelques jours, ce que vous nous avez appris. — Ne perdez pas ce nom glorieux que vous portiez du premier mauvais sujet de la ville.

Le jeune homme.

De l’Italie ! Viens, nous allons souper chez Camilla ; tu y retrouveras ta jeunesse tout entière, tes anciens amis, tes anciens défauts, ta gaieté. — Veux-tu tuer ton rival, ou te noyer ? Laisse ces idées communes au vulgaire des amants ; souviens-toi de toi-même, et ne donne pas le mauvais exemple. Demain matin les