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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/63

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j’ai taillé dans le marbre le plus pur l’image adorée de ma maîtresse. Je veux te répondre devant elle ; viens, sortons ; la cour s’emplit de monde, et l’académie va s’ouvrir.

Ils sortent. — Les peintres traversent la cour en tous sens. — Lionel et Césario s’avancent.
Lionel.

Le maître est-il levé ?

Césario, chantant.

Il se levait de bon matin,
Pour se mettre à l’ouvrage ;
Tin taine, tin tin.
Le bon gros père Célestin,
Il se levait de bon matin,
Comme un coq de village4.

Lionel.

Que d’écoliers autrefois dans cette académie ! comme on se disputait pour l’un, pour l’autre ! quel événement que l’apparition d’un nouveau tableau ! Sous Michel-Ange, les écoles étaient de vrais champs de bataille ; aujourd’hui elles se remplissent à peine, lentement, de jeunes gens silencieux. On travaille pour vivre, et les arts deviennent des métiers.

Césario.

C’est ainsi que tout passe sous le soleil. Moi, Michel-Ange m’ennuyait ; je suis bien aise qu’il soit mort.

Lionel.

Quel génie que le sien !