Aller au contenu

Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes II.djvu/221

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Écoutez, dit-elle, vous concevez que, si ce bracelet vous est nécessaire, je ne tiens pas à une pareille misère. J’ai de l’amitié pour vous, Berville ; il n’y a rien que je ne fisse pour vous obliger. Mais vous comprenez bien aussi que ma position m’impose des devoirs. Il est possible que, d’un jour à l’autre, j’entre à l’Opéra, dans les chœurs. Monsieur le baron m’a promis d’y employer toute son influence. Un ancien préfet, comme lui, a de l’empire sur les ministres, et M. de la Bretonnière, de son côté…

— La Bretonnière ! s’écria Tristan impatienté ; et que diantre fait-il ici ? Apparemment qu’il trouve moyen d’être en même temps à Paris et à la campagne. Il ne nous quitte pas là-bas, et je le retrouve chez vous !

— Je vous dis que c’est un ami du baron. C’est un homme fort distingué que M. de la Bretonnière. Il est vrai qu’il a une campagne près de la vôtre, et qu’il va souvent chez une personne que vous connaissez probablement, une marquise, une comtesse, je ne sais plus son nom.

— Est-ce qu’il vous parle d’elle ? Qu’est-ce que cela veut dire ?

— Certainement, il nous parle d’elle. Il la voit tous les jours, pas vrai ? Il a son couvert à sa table ; elle s’appelle Vernage, ou quelque chose comme ça ; on sait ce que c’est, entre nous soit dit, que les voisins et les voisines… Eh bien ! qu’est-ce que vous avez donc ?

— Peste soit du fat ! dit Tristan, prenant la carte