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Page:Néron - Notes et impressions d'une parisienne, 1914.pdf/181

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D’UNE PARISIENNE

forme, et elles déambulent de par le monde, distribuant livres pieux et cantiques.

Religion et costume à part, cette œuvre, qui s’étend et se ramifie tous les jours, n’est certes pas banale ; au point de vue philanthropique, elle peut revendiquer un des premiers rangs parmi les sociétés d’assistance et de relèvement moral.

Rien ne rebute les enrôlées ; elles grimpent dans les taudis, pénètrent dans les bouges. Le vice le plus bas et le plus répugnant ne les éloigne pas. Elles disent « ma sœur » à la dernière des filles et accueillent à bras ouverts celles qui, usées par les débauches, pantelantes, n’en pouvant mais, prêtes à crever au ruisseau, s’en vont quêter secours et pitié près d’elles.

C’est ainsi qu’une des grandes officières de l’œuvre, la fille de la célèbre maréchale Booth, conçut l’original projet d’offrir un « thé » aux prostituées de la rue, qui errent, la nuit tombée, de trottoir en trottoir, en quête du client généreux et peu raffiné que n’écœurent pas leurs bottines éculées et leur aspect lamentable.