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Page:Néron - Notes et impressions d'une parisienne, 1914.pdf/240

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NOTES ET IMPRESSIONS

des âmes, et troubler les bienfaisantes larmes. En ce coin de repos plane une lourde solitude, une mélancolie douce ; le grand calme des champs descend majestueux.

Oui, c’est bien là le jardin du sommeil, où fatigué, fourbu après la montée rude qui laisse meurtri, on aimerait s’endormir.

L’hiver, la neige alentour doit s’étendre comme un virginal tapis de fiancée ; l’été, quand le soleil arde et poudroie sur la longue route, les blés qui oscillent et penchent leur pesante tête laissent monter des sillons la chanson de l’éternel renouveau.

. . . . . . . . . . . . . . .

Tout en face de la grille, au bout de l’allée principale, une tombe est ouverte, à moitié ensevelie sous les lierres qui s’enchevêtrent caressant de leurs lianes flexibles les bras rigides de la croix. C’est là. Bien simple et des plus modestes, la sépulture de celle qui fut reine par la beauté et le talent et qui emplit le second Empire du bruit de ses succès de théâtre et des