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Page:Néron - Notes et impressions d'une parisienne, 1914.pdf/292

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NOTES ET IMPRESSIONS

d’un an après, elle obtiendrait son premier prix. Pauvre chérie !… ajoute la mère avec un soupir.

« C’est beaucoup trop de bruit, voyez-vous, autour d’un début, reprend au bout d’un instant Mme Piérat. Ma fille est une “nature”, comme on dit en argot de coulisses, un tempérament, mais elle n’a pas encore de “métier”, Dieu merci, et qui sait si, dans le théâtre où elle sera engagée, elle pourra travailler, avoir des rôles à sa taille, des rôles qui ne la rebutent pas du premier coup ? Il en faut si peu pour briser ces riens fragiles qu’on nomme la chance et le succès… »

J’interroge Mme Piérat sur ses émotions de concours.

— J’y étais, certes, mais comme j’ai souffert ! Il faut être maman pour comprendre cela. Cependant, dès les premières minutes j’étais rassurée. C’est bien, me disais-je, elle aura sûrement quelque chose. Naturellement, je ne songeais guère au premier prix. Le public était enthousiaste, il applaudissait, et j’étais si heureuse qu’il me semblait que tous les bravos