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Page:Néron - Notes et impressions d'une parisienne, 1914.pdf/56

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NOTES ET IMPRESSIONS

Justice est faite, comme l’on dit.

Mais c’est alors peut-être qu’apparaît toute l’horreur de ces exécutions.

Le bourreau, en homme habitué au métier, saisit la tête qui grimace sous les éclaboussures rouges et la jette, avec le corps, dans le long panier, qu’on emporte aussitôt au grand trot des chevaux.

Faut-il l’avouer ? après une telle vision, l’assassin devient presque sympathique et une révolte monte du cœur contre cette société qui s’érige en juge pour rayer un homme du nombre des vivants et lui appliquer la peine du talion.

C’est pour l’exemple, dira-t-on.

L’exemple est mauvais, il propage dans les âmes maladives l’épidémie du crime.

— Bah ! ce n’est que cela ! gouaillent cyniquement les pâles voyous, pourvoyeurs des bagnes. Pas la peine de s’effrayer, c’est bientôt fini.

Et, comme autrefois, parmi les premiers chrétiens, le sang des martyrs donné en pâture aux bêtes appelait d’autres dévouements, le sang répandu sur la place de la Grande-Roquette