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Page:Néron - Notes et impressions d'une parisienne, 1914.pdf/58

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NOTES ET IMPRESSIONS

Un cantonnier est requis. Un peu pâle, la main tremblante, de son balai de bruyère, il chasse devant lui la boue rougeâtre.

C’est ignoble ! écœurant ! monstrueux ! M. Deibler, aidé de son fils, veille à ce que son instrument de travail soit doucement remis en place. On éponge, selon ses ordres, le couteau ruisselant et les traverses brunes dans les rainures desquelles demeure du sang encore chaud. M. de Paris rappelle au directeur de la prison que c’est sa deux centième exécution et que, durant cette longue carrière, il n’a supplicié qu’une femme.

C’est fini.

La voiture disparaît avec les aides et le bourreau. La foule, comme une meute enfin lâchée, accourt en reniflant jusqu’à l’endroit du supplice.

Des têtes immondes, aux yeux glauques, aux nez écrasés, coiffées de casquettes avachies, des têtes dont on rêve la nuit quand des cauchemars traversent le sommeil, se penchent comme pour chercher des traces de sang.

— Tiens ! il n’y a plus de raisiné, s’exclame un