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Page:Néron - Notes et impressions d'une parisienne, 1914.pdf/76

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NOTES ET IMPRESSIONS

nous sommes friands, elle continue, me donnant des détails sur le caractère de son neveu :

« Il était très doux et extrêmement intelligent. Tenez, il me revient un de ses mots d’enfant. Il avait trois ans. On se mettait à table.

“Ah ! mon Dieu ! s’écrie-t-il tout à coup, que c’est ennuyeux toujou se coucher, toujou se lever, toujou manger de la soupe qui n’est pas bonne.”

« C’était, en somme, résumer la vie, n’est-il pas vrai ? »

La famille Viaud appartenait à la religion réformée, très pratiquante et très méthodiste. Le jeune Julien fut élevé par elle dans les principes de la doctrine de Luther, et il était, pendant sa prime jeunesse, un zélé protestant.

J’interroge Mme Nelly Lieutier sur les goûts d’enfant et de jeune homme de son neveu.

— Songeait-il à devenir littérateur ?

— Oh ! nullement ! Comme tous ceux qui habitent un port, il était haut comme ça que déjà il ne parlait que de la mer, des bateaux, des voyages lointains.