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LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

propres aspirations, ou dont l’accès leur semblait plus commode. Ils ont donc reçu un enseignement, qui pouvait être incomplet, incohérent, capricieux, confiner même au néant, mais qui gardait malgré tout quelques-uns des caractères ou quelques-unes des apparences d’un enseignement technique.

Quant aux purs ignorants, ils ne sont guère nombreux, et si l’on met à part deux ou trois cas, leurs travaux n’auraient été pris au sérieux à aucune autre époque. Ils ont bénéficié de ce besoin maladif de surprise et de scandale qui agite les désœuvrés d’aujourd’hui et qui ne demande d’ailleurs qu’à changer promptement d’objet.


Vous me direz peut-être encore que la poésie, par sa nature même, occupe entre les arts une situation exceptionnelle. La partie spirituelle, divine, y compte bien plus que la partie mécanique et ouvrière. Lire au fronton d’une bâtisse « école de poésie » comme on lit « école d’électricité » ou même « école d’architecture » donnerait le sentiment du sacrilège. L’idée seule n’en peut que choquer tout homme qui a l’instinct des réalités poétiques et qui ne confond pas à plaisir des ordres de choses faits pour s’exclure.

Voilà un noble pathos. Mais nous lisons sans indignation au fronton de divers monuments « école de théologie ». Personne, dans aucune religion, ne trouve sacrilège que le métier de prêtre s’enseigne et qu’il faille, à cette fin, que des maîtres prêtres se donnent le mal de former des élèves prêtres. Cela n’entraîne aucune méconnaissance des réalités spirituelles et ne signifie point que l’élan de la foi, l’amour de Dieu, l’inspiration prophétique puissent se transmettre automatiquement à l’aide de quelques recettes. Mais dès qu’il y a activité spéciale ou métier, il y a un système de procédés techniques qui ne sauraient survivre, se perfectionner, s’accroître que par un enseignement.