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Page:NRF 17.djvu/447

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RÉFLEXIONS SUR
LA LITTERATURE


HISTOIRE ROMAINE

Le petit volume de M. Ferrero sur La Fin de la Civilisation Antique causera peut-être à ses lecteurs autant de regret que de plaisir. J’avais d’abord écrit l’« élégant volume » et si je viens de rayer l’épithète, justifiée par la clarté et la méthode de la présentation, c’est que le livre a été écrit en français, et que M. Ferrero, qui parle et discourt si bien en notre langue, ne l’écrit pas toujours (pareil en cela à beaucoup d’historiens français) avec une parfaite sûreté. Une légère révision eût suffi à faire disparaître des incorrections gênantes. Ne reprochons pas ces taches à M. Ferrero : nous ne pouvons que lui savoir un gré infini d’user de notre langue beaucoup mieux que personne chez nous ne saurait user de l’italien. Mais, puisque j’en suis à cette question, remarquons encore, ou déplorons, que M. Ferrero ait toujours été un peu desservi auprès du public français par la présentation de ses livres. Alors que d’Annunzio a eu la chance de trouver chez nous un traducteur hors pair, la version française de Grandeur et Décadence de Rome laissait fort à désirer. Un autre Hérelle lui eût gardé, en un beau français, le large mouvement oratoire du texte italien, et n’eût pas hésité à enlever deux fois sur trois l’épithète terrible qui ne choque nullement un Italien habitué aux termes extrêmes, mais qui, revenant à chaque page du Jules César, finit par faire sourire un Français des coteaux modérés, un Tourangeau ou un Bourguignon.

Mais le regret auquel je faisais allusion ne vient pas de là. Il tient à notre peine de voir tourner court en ce bref résumé la