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44 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
des doigts sur la table.) Ça va être bientôt la fête d'Ekatérinenhof[1].

Agafia Tikhonovna. — Oui, dans un mois, je crois.

Podkolièssine. — Et même dans moins que ça ...

Agafia Tikhonovna. — Il faut penser que la fête sera gaie.

Podkolièssine. — Nous sommes aujourd'hui le 8. (Il compte sur ses doigts.) 9, 10, 11 ... Dans 22 jours.

Agafia Tikhonovna. — Vraiment ! Si vite !

Podkolièssine. — Et je n'ai pas même compté aujourd'hui. (Un silence.) Comme le peuple russe est courageux !

Agafia Tikhonovna. — Comment ?

Podkolièssine. — Prenons les ouvriers. Ils travaillent à de prodigieuses hauteurs. Je suis passé près d'une maison où un maçon faisait un enduit, et il n'avait peur de rien.

Agafia Tikhonovna. — Vraiment ? Où l'avez-vous vu ?

Podkolièssine. — Dans le trajet que je fais chaque jour pour aller à mon bureau. Je vais, voyez-vous, chaque matin à mon département. (Silence.)

(Podkolièssine recommence à tambouriner sur la table puis il prend son chapeau et salue.)

Agafia Tikhonovna. — Vous partez déjà ?

Podkolièssine. — Oui. Excusez-moi si peut-être je vous ai ennuyée.

Agafia Tikhonovna. — Quelle idée ! Au contraire, je dois vous remercier pour un si agréable passe-temps.

Podkolièssine, souriant. — Il me semblait que j'avais dû vous ennuyer.

Agafia Tikhonovna. — Oh, certainement pas !

Podkolièssine. — Eh bien, s'il en est ainsi, vous me permettrez de revenir un de ces soirs...

Agafia Tikhonovna. — Ce me sera très agréable. (Elle s'incline. Podkolièssine sort.)

  1. Le 1er mai. (N. d. t.)