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Page:NRF 17.djvu/75

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LE SECRET DU POLICHINELLE 69-

timide et désolé : Victor écouta le rire cruel où ils se gaussaient ensemble de sa candeur. Et au lieu de mourir,, il exigea de Dieu leur agonie immédiate, leur chute, leurs convulsions, leur dernier soupir, la décomposition instan- tanée de leur sexe et de leur cœur.

Mais Dieu n'étendit pas le doigt, et Victor subit sa pensée comme une flagellation d'éclairs.

— Lui, je lui pardonne ; elle, je l'aime ; et voilà ce qu'ils me font !

Ici la douleur fut si tranchante qu'il en cria :

— Et juste le jour de ma fête ! c'est toujours à moi que cela arrive !

En effet, deux ans auparavant, tombé dans la boue au soir de sa première communion, il s'était saH jusqu'à l'âme. Mais depuis, il avait abandonné la religion chrétienne, et il ne songeait plus à cet événement.

Son cœur n'était que cendres.

— Moi qui voulais devenir aussi bon qu'elle est belle ! gémissait-il. Moi qui ne voulais pas croire que pour l'aimer

Hélas ! il n'y a pas moyen d'écrire pour des hommes ce que cet enfant pensa.

— Tout est vrai, alors ! reprenait-il. Frédéric l'avait bien dit. Le bon Dieu n'est qu'un vieux cochon !

La honte, puante comme l'excrément, lui remplissait la bouche. Il aperçut sa sœur au seuil de la maison.

— Alors, râla-t-il, Marceline aussi...

Laide un peu, les yeux de travers, les traits épais, la peau triste et sans lumière, elle l'attendait avec un sourire très doux. Fonça-t-elle, surnagea-t-elle, au torrent de boue qui écumait dans l'âme de l'enfant ? Il s'approchait d'un pas régulier, elle lui faisait son joli signe, l'index levé, immobile ; le vent bleu de juillet rebroussait ses cheveux , pâles.

Il trouva le courage effroyable de l'embrasser.

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