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Page:NRF 19.djvu/265

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PAUL VALÉRY, POETE 263

Que toute tempête parente D'une confuse profondeur ! ?

Reste à savoir comment il reprendra sa « tranquillité » et sa « transparence », comment il corrigera en lui les soubresauts de l'Esprit. Il lui faut à tout prix trouver un instrument de régulation, une cadence extérieure à lui-même, à quoi il puisse conformer ses délires.

C'est le langage qui va la lui fournir :

Honneur des hommes, saint langage, Discours prophétique et paré, Belles chaînes eu qiti s'engage Le dieu dans la chair égaré, Illumination, largesse ! Voici parler une Sagesse 2 ...

Avec un peu de mysticisme, Valéry considère le langage comme doué de propriétés intrinsèques et qui peuvent aussi bien agir sur celui qui l'emploie ; il lui reconnaît une valeur magique.

Et le sens profond de sa poésie nous apparaît enfin ; elle est, avant tout, pour lui, un moyen de se guérir de ses hasards.

Nous disions tout à l'heure qu'elle tâchait de les expri- mer, et même qu'elle les attendait pour naître. Oui, mais c'est avec l'intention de les réduire, de les appri- voiser.

On sent en elle quelque chose d'incantatoire :

— Calme, calme, reste calme ! Connais le poids d'une palme Portant sa profusion ! 3

Valéry, par ses chants, s'invite lui-même à l'ordre et à

��1. La Pythie, pp. 43-44.

2. Ibid., p. 47.

3. Palme, p. 76.

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