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Page:NRF 19.djvu/501

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notes 499

promis par le manque de mesure, par l'extension toute logique et arbitraire donnée à une thèse qui devient bien vite un plai- doyer contre l'existence même d'un Socrate autre que celui d'Aristophane. Rien de plus fragile que son argumentation tou- chant le factum de Polycrate, — le caractère légendaire de la mort de Socrate, qui aurait été modelée sur celle d'Antiphon, — la place exagérée faite à Hippias, si éloigné d'être le plus sérieux des sophistes. M. Dupréel cherche à dissiper en le niant simplement le mystère qui entoure la figure de Socrate : procédé un peu sommaire et négation dont les preuves demeu- rent insuffisantes. Le livre n'en est pas moins d'une lecture agréable, et on le mettra volontiers à la suite des suggestifs et aussi aventureux Varia Socratica de Taylor.

ALBERT TH1BAUDET

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��LA DÉDAIGNEUSE, suivie de ÉCOLE DE DRESSAGE et de MONSIEUR THOMAS, par Beaumont et Fktcher, traduits de l'anglais par Pierre Mélèse (La Renaissance du Livre).

M. Pierre Mélèse nous offre la traduction de trois comédies de Beaumont et Fletcher, éditées par la Renaissance du Livre dans la collection de Littérature ancienne qu'elle publie sous la direction de Pierre Mac Orlan. Beaumont et Fletcher, contem- porains de Shakespeare, sont à peu près totalement inconnus en France. Je pense que seuls les spécialistes et les érudits ont feuilleté l'œuvre immense de ces deux amis intimes, morts jeunes (l'un à 46, l'autre à 32 ansjqui ont pourtant laissé plus de cinquante pièces de théâtre et dont la gloire balança long- temps celle de Shakespeare. Ce n'est pas à dire que Beaumont et Fletcher aient rien eu de comparable au génie de Shakes- peare. C'étaient bonnement deux hommes de talent. Mais la postérité seule décide des classements littéraires, et si les théâtres, au temps d'Elisabeth et de Jacques I er , jouaient Beau- mont et Fletcher deux fois plus souvent que Shakespeare, c'est qu'ils avaient leurs raisons pour cela, qui étaient de faire des affaires. On sait de reste que ceci n'a rien à voir avec l'art et la littérature. Sachons gré à M. Mélèse des soins qu'il a pris. Nous

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