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508 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

nous dit-il, d'examiner à cet égard, dans un ouvrage ultérieur, « les romans, les contes en vers et en prose, les nouvelles et les mémoires ». Le livre qu'il nous offre aujourd'hui pose dès maintenant des problèmes délicats et les résout avec finesse. Une lecture superficielle discernerait ici avant tout un sûr exposé de la fortune des « Romances » espagnols en France, avant Victor Hugo et chez Hugo lui-même, puis un très précis résumé de l'influence de la Çomedia. Mais c'est d'une plus haute question qu'il s'agit. Que fut l'Espagne pour quelques- uns de nos grands écrivains de l'époque romantique ? Est-il cer- tain qu'ils n'en aient deviné que très superficiellement les carac- tères ? M. Martinenche s'est avant tout demandé ce que signi- fiait un tel problème en ce qui concerne Victor Hugo. C'est ici que son livre est le plus neuf. Et ce n'est pas en faire un mé- diocre éloge que de dire que l'on comprend mieux certains traits de Hugo lorsqu'on a, non seulement lu avec le plus grand soin l'exposé de M. Martinenche, mais relu à cette occasion les textes qui sont en cause.

Un premier point est établi. Hugo, qui n'a pas su technique- ment l'espagnol, et dont il est trop facile de relever certaines fautes grossières, ne nous trompe pourtant pas lorsqu'il nous rapporte, dans ses notes de voyage sur le pays basque espagnol et avec une minutie qu'il n'a pas artificiellement constituée, ses entretiens avec les pêcheurs du village de Pasajes. M. Marti- nenche met fin, avec élégance, à une querelle qui n'estpas sans portée. Hugo n'a pas seulement aimé, de la langue espagnole, la sonorité de quelques vocables. Il s'est plu à étudier en poète les habitants et le sol des quelques pays traversés. Il a certaine- ment examiné à sa manière, dans le texte original, « plus d'une comedia ». Il a aimé sincèrement les Romances, et ce ne sont pas les erreurs qu'il commet sur leur nature qui nous doivent faire méconnaître les signes d'une lecture directe. Il est curieux de noter par exemple que Hugo, qui prend pour un type métrique primitif ce qui n'est qu'une modification moderne, s'adapte en tout cas à l'octosyllabe des Romances espagnols et en retrouve le rythme grâce au vers français de sept syllabes (Romance mau- resque, Le Romancero du Cid). Une Espagne intérieure a vécu en lui, et qui ne fut pas seulement celle de ses drames. M. Marti- nenche, qui a minutieusement étudié les sources d'Hemani et

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