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Page:NRF 3.djvu/270

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��LES " CHARLES BLANCHARD "

��C'est en 1906, après le déboire du prix Goncourt, que Philippe entreprit d'écrire Charles Blanchard. Il répétait volontiers alors : Des romans ? Non, ce n'est pas cela que je veux faire. On arrange toujours un peu l'intrigue et le reste en vue du livre à 3 fr. 50. Je ne veux plus y songer ; et, du reste, pour ce que le "livre" vous rapporte!... Non; j'écrirai désormais sans souci de la publication. — Ecrire... quoi ? — Vous verrez ! Je saurai bien inventer autre chose...

Et déjà Croquignole était à peine un roman. Charles Blan- chard devait l'être moins encore.

Le père de Charles- Louis Philippe, qui mourut peu de mois après, était sabotier. Charles- Louis Philippe l'aimait et le craignait ; ce père autoritaire n'admettait pas, comme nous disait quelqu'un de son village, " que la lumière pût lui venir de son fils ". Il le considérait toujours comme un enfant, et le morigénait sans cesse.

— "A ton âge, habiter encore au sixième !... Mais boutonne donc ton paletot quand tu sors !... Ecrire des livres, ça n'est pas un état"... (Nous rapportons ces phrases telles qu'elles nous ont été redites.) — Mais il lui racontait des histoires. Le meilleur de celles que Philippe a transcrites dans le Matin est ce qu'il tenait de son père.

Une histoire que le père Philippe racontait beaucoup moins bien, c'était celle de sa propre vie. Elle était sans événe- ments ; celle d'un travailleur, simplement. Peut-être est-ce là précisément ce qui tenta Philippe : Charles Blanchard devait

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