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LES "CHARLES BLANCHARD" 273

élargissant l'âme, vous portait à croire au bonheur universel. Derrière les fenêtres où il n'y avait personne, on se prenait à imaginer qu'une jeune femme heureuse venait de s'absenter, mais qu'elle allait apparaître bien vite pour tenir son rôle et faire ainsi que chaque maison fut pleine de chansons.

Charles Blanchard ne sut pas à cette époque de combien d'heures se composait chaque jour : il y en avait un grand nombre, chacune d'elles était prise entre celle qui l'avait précédée et celle ui allait la suivre ; une procession délicieuse aversait le temps ; quand elle avait passé, il semblait qu'on eût entendu chanter un long cantique. Tous les jours étaient suivis d'un len- demain. Avant de le connaître, l'enfant savait déjà qu'il ressemblerait à la veille, qu'il posséderait comme elle un air pur, un soleil chaud et que, dans les maisons ainsi que dans les rues, hommes, femmes, enfants, tous ceux qui sont de ce monde tendraient vers lui un visage confiant. Où est-elle, la créature déshéritée qui se souvient d'avoir pleuré ? Des jours transparents joignaient la Terre au Ciel, on s'approchait sans cesse d'un bonheur profond dans lequel, entrant tout entier, chacun allait jouir de la vie éternelle.

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