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286 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAIS

de souhaiter qu'il en fût autrement : c'était ain; L'enfant reculait de quelques pas. Il croisait ses dei petites mains sur son ventre, et, les jambes écarté< la tête droite, il se campait avec solidité et occupait la place qui lui avait été assignée. Il battait des paupières, il respirait, il vivait, il pensait; quand était las d'avoir croisé les mains sur son ventre, les croisait derrière son dos. Il occupait la dernièi place avec naturel. Il avait deux yeux bleus, c< yeux des enfants qui sont plus grands que les yei des hommes parce qu'ils n'ont encore rien vu qu'ils ont besoin de voir beaucoup de choses. I] contemplait le spectacle qu'il était admis à contem- pler. Le dos des hommes étaient épais parce que beaucoup portaient des blouses ; les jupes d< femmes étaient amples ; il n'y avait pas de petits enfants, parce que leurs mères les plaçaient au premier rang. Quelquefois une onde large, une vague de plaisir accourant d'un coin les saisissait. Le rire des gens qui s'amusent se communiquait de chacun à chacun, on le voyait circuler, il ébranlait les épaules des hommes, il semblait que de l'un à l'autre on se le passât, personne ne 1( laissait tomber. Ce fut autour des chevaux de bois une après-midi de gaieté. Au ciel il y avait ce qu'il faut de nuages pour que l'on pût être à l'ombre ei tout lieu. On s'abandonnait au beau temps, on s'abandonnait aux chevaux de bois, au jour de h fête. Par larges nappes, il semblait que le bonheur

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