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Page:NRF 3.djvu/325

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NOTES 315

" Peut-être, dit-il, n'arriverai-je qu'un centimètre plus loin que je l'eusse fait, t'ayant à ma charge; peut-être m'eusses-tu offert assez de compensations pour que je ne regrette rien. Il est trop tard. Ce sentiment est à moi. Il est la plus haute mani- festation de ma vie : je l'aurai, dusse- je retomber ensuite ! " Marie peut bien à l'avenir errer parmi les hommes et recher- cher parmi la multitude ce qu'un seul refusa de lui accorder, nous la perdons de vue. Jean Bousset, comme Philippe, s'est écarté d'elle: ils ont retiré de l'aventure l'enseignement qu'elle comportait, et la conséquence de ceci dépasse la conséquence de cela, autant qu'une idée ou un principe l'emporte sur les sentiments qu'ils contrarient.

Il faut se garder des trop faciles généralisations auxquelles peuvent prêter les rapprochements ou les situations d'un livre. Comment n'être point frappé, toutefois, de tout ce que le porte-à-faux d'un tel dénouement et jusqu'au conditionnement du problème révèle non tant sur le cas littéraire de Philippe que sur sa préoccupation morale elle-même. Nul n'était plus que lui prédisposé à subir son instinct. Ses dons naturels, son orgueil, la forme de sa sensibilité l'y portaient à l'envi. La source affluait sans cesse en lui, il eût suffi de la laisser s'épan- cher, de consentir, de marcher dans le sens de son penchant et de sa satisfaction. Si instante, pourtant, que fût la tentation, il ne se rencontre rien chez lui qui ne soit appelé par une appropriation, une concordance impérieuse et rationnelle. Pas une gratuite flatterie, pas une complaisance envers soi-même : l'image ainsi que l'émotion, le style ainsi que l'épisode, demeu- rent toujours en fonction de l'intention et de la pensée : pas un instant l'intelligence ne souffre que les sens échappent à son commandement. Les choses qu'on porte en soi ne pren- nent leur valeur propre que pour autant qu'on les sacrifie : si Jean Bousset, et Philippe derrière lui, le purent si durement démontrer à l'impulsive Marie Donadieu, c'est qu'ils n'igno- raient pas que tout doit servir et qu'on ne saurait rien créer sans gouverner d'abord la nature. La dualité d'intérêt — préméditée peut-être — que nous avons signalée, peut bien dès lors brouiller la composition et la ligne de ce livre, il n'en

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