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Page:NRF 3.djvu/346

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Et ton âme, d'un trait détestable froissée,
Dès la première atteinte abattue et blessée,
Sans chercher à son mal un siège insidieux,
Voulut se réunir à l'essence des dieux.
Cependant, leur splendeur, indifférente et vaine,
Eclate, inaccessible à la fortune humaine,
Et, pour chaque mortel dans leur être abîmé,
N'absorbe sans retour qu'un souffle inanimé.
Tu les aurais vaincus d'une plus noble sorte,
Si ta raison, soumise au pouvoir qui l'emporte,
A force de conduite et de ferme longueur,
Toujours les eût contraints de subir ta rigueur,
Et, rendant a leur gêne une étroite constance,
Instruit ta liberté selon leur dépendance.
Ah ! qu'il est juste et rare, et d'un courage altier,
Celui qui sur ses maux se fonde tout entier,
Et jaloux, même au ciel, d'en dérober la trace,
Ramenant sans parler son manteau sur sa face,
Demeure, et, d'un esprit magnanime et serein,
Contre sa destinée oppose un front d'airain !


Si je t'offusque, hélas ! pardonne, ombre irritée
Que peut-être, parfois, la lumière quittée
Agite d'un regret solitaire et lointain.
Mais puisque, renonçant un génie incertain