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Page:NRF 3.djvu/361

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LE CHARRETIER 35I

la marque de la station — Moondooroo dans un losange — étaient chargées sur les wagons, et formaient une pyramide de trois étages que maintenaient solidement des cordes serrées au moyen de leviers de bois et de tourniquets.

Les uns après les autres, les wagons s'éloignaient caho- tant avec des allures de schooners chargés jusqu'aux écoutilles.

Quand le wagon de Jones fut chargé et prêt à partir, les tondeurs arrêtèrent leurs machines et se redressèrent tout en tenant entre les jambes leurs moutons à demi-tondus ; les rouseabouts avaient quitté leurs tables pour regarder " My Jessie " démarrer avec 60 balles.

L'attelage était beau, les bêtes bien à leur place, déjà dans leurs colliers mais leurs chaînes encore lâches. Jones sentait qu'on avait l'œil sur son attelage et il se sentait fier. Jessie à califourchon sur son cheval, examinait les harnais comme si elle passait une revue ; elle regarda son père, Jones fit un signe et la gamine appelant les timoniers, puis les autres par leur nom, les chaînes se tendirent, les jarrets s'arquèrent et les encolures s'allongèrent. Tous ces efforts réunis en un seul semblaient comme au départ d'une course, attendre un signal. L'enfant le donna et le "get up " commandé d'une voix ferme ébranla la masse ; les grandes roues quittèrent le lit qu'elles s'étaient fait dans la terre rouge et le wagon démarra salué par les acclamations frénétiques des tondeurs et des rouseabouts.

Le " boss " de Moondooroo avait demandé à Jones d'avoir coûte que coûte le chargement au chemin de fer avant la fin du mois ; car la laine avait des tendances à la baisse et il voulait vendre le plus tôt possible. La distance de la station au chemin de fer était d'environ 175 miles

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