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Page:NRF 3.djvu/55

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LE CAHIER NOIR 49

regarder, toi qui ne m'as pas connu ; si tu pouvais m'en tendre... car je ne t'ai jamais parlé !

Ma mère m'ayant touché l'épaule, je levai les yeux vers lui, et je compris qu'il partait pour toujours, qu'il ne me verrait plus, qu'il ne me parlerait plus, qu'il ne me toucherait jamais plus. Je marchais dans la chambre, je courais d'un bord à l'autre du lit, comme pour l'en- vironner de ma présence, et le protéger... Ma mère pleurait. Je la pris dans mes bras. En me passant au doigt l'anneau d'or de mon père, elle dit : Tu seras le maître...

J'ai fermé doucement sa bouche. J'ai pressé de mes doigts ses paupières. J'ai placé sur sa poitrine un petit crucifix et j'ai allumé les flambeaux.

D'en bas, bientôt, des sanglots montèrent...

Quand j'eus embrassé mes sœurs, je revins m'asseoir à côté du mort, dans la pénombre, par ce beau jour d'été.

Ma mère disait : Qu'est-ce que nous allons devenir, maintenant ?

�� ��Retour à la maison...

Le vestibule : son chapeau, sa grosse canne à boule verte. Sur les escaliers, la trace boueuse des croquemorts. J'erre de chambre en chambre, touchant, flairant chaque objet, comme un chien

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