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Page:NRF 3.djvu/787

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FERMINA MARQUEZ JJJ

quelle maladresse son orgueil lui avait fait commettre. Mais, c'était presque un vol ! Sans doute, nous avons le droit de jouir des choses que l'on nous donne, mais nous n'avons pas le droit de les détruire ; c'est faire au donateur un tort véritable. Il eût mieux valu refuser.

Eh bien non ! décidément, il eût mieux valu garder ces bijoux. Au moins pour avoir un souvenir matériel de Fermina Marquez. Après tout, cette montre n'était pas perdue. Si le Préfet des Etudes était averti qu'un objet de cette valeur se trouvait dans cette chambre, il n'hési- terait pas à faire briser la porte. Mais, pour l'en avertir, Joanny devrait avouer la vérité. Et il n'oserait jamais l'avouer.

Il était brouillé avec les Marquez. Il ne les verrait plus. Tant mieux. Il ne cherchait pas, comme Julien Morot, à se faire des relations. Et quant à elle, eh bien quoi, c'était fini ! Il avait été sot et ridicule devant elle. Il valait donc mieux qu'il ne la vît plus, qu'elle ne vînt plus lui rappeler qu'il avait été, à un moment quelconque de sa vie, sot et ridicule. Et il l'avait bien été, certes. Il en rougissait encore. Ah, ce plan de séduction, et tous ces discours enfantins !

Pendant plusieurs jours, il demeura au fond de l'abîme, vautré dans les marais pestilentiels du mépris de soi-même. Une pensée orgueilleuse l'en tira : " Moi, Léniot, qui ai tant de sujets d'être content de moi, me voici rempli de dégoût pour moi-même ". Il admirait sa modestie ; le contraste que formaient le bonheur apparent de son destin et la mélancolie de son caractère. Il se comparait à un roi couvert de gloire et pourtant fatigué de la vie. Dans une semaine, ce serait la distribution des prix, le

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