Aller au contenu

Page:Nansen - À travers le Grönland, trad Rabot, 1893.djvu/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
143
toujours en dérive.

un instant, puis prend la fuite. Encore une mauvaise chance ! mes camarades avaient eu au moins le plaisir de voir un ours blanc, ce qu’ils désiraient depuis longtemps.


L’OURS S’ARRÊTE ET NOUS REGARDE UN INSTANT.
(DESSIN D’E NIELSEN.)

« Après avoir déjeuné, nous nous remettons à la laborieuse besogne du halage. À quelques pas du campement, la houle nous oblige à nous arrêter ; depuis le jour où nous avons été entraînés jusqu’à l’iskant, la houle persiste et amoncelle la banquise du côté de la côte.

« Pendant la journée, des ouvertures se produisent à plusieurs reprises au milieu de la glace, mais se referment bientôt. Il est absolument impossible d’avancer ; la bouillie glaciaire qui couvre les canaux ouverts entre les glaçons arrête la marche des embarcations, et avec ce roulis les canots peuvent être brisés lorsque la glace se referme avec rapidité.

« Pour passer le temps, nous nettoyons les patins des traîneaux ; débarrassés de rouille, ils pourront glisser plus facilement sur la glace. Ce travail achevé, on prépare le dîner, composé d’une soupe de haricots et de viande crue. À midi je prends la latitude. Nous nous trouvons par 63°18’. L’observation de la longitude, faite dans l’après-midi, donne comme résultat : 40’15°. Nous sommes à 18 milles de terre. Depuis hier soir la dérive nous a éloignés de la côte. Dans la journée, vu un corbeau.

« Le repas est servi dans les quelques tasses que nous possédons et dans des boîtes de conserves vides, qui remplacent pour nous la vaisselle. Tout le monde, même les Lapons, déclare le dîner excellent. Tout à coup grand émoi de Ravna ; reconnaissant que la viande de la