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Page:Nansen - À travers le Grönland, trad Rabot, 1893.djvu/17

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INTRODUCTION.

hiverné à Angmagsalik, au milieu d’une tribu d’Eskimos encore païens. La côte une fois explorée, nous commencerons immédiatement la traversée de l’inlandsis. Si nous réussissons à atterrir au cap Dan, nous partirons pour explorer l’intérieur du pays de l’extrémité supérieure d’un des grands fjords. Débarquons-nous, au contraire, au sud de ce promontoire, nous attaquerons, si nous le pouvons, le glacier dans le Sermilikfjord.

« L’expédition s’élèvera sur les montagnes riveraines de l’inlandsis, évitant la région inférieure du glacier, toujours très crevassée. Nous pourrons ainsi atteindre facilement les plateaux supérieurs, généralement peu accidentés. Une fois sur la glace, la caravane se dirigera vers Christianshaab, station située sur la rive occidentale de la baie de Disko. Dans cette direction septentrionale, l’inlandsis présentera, croyons-nous, de meilleures conditions pour le patinage que plus au sud. D’autre part, aucun grand fjord n’existant sur les côtes de la baie de Disko, il sera relativement facile d’atteindre un des établissements danois situés dans ces parages. Enfin, à une grande distance, l’île Disko, dont la forme est facilement reconnaissable de loin, nous servira de point de repère, et nous permettra de trouver soit Christianshaab, soit Jakobshavn.

« 670 kilomètres séparent la baie de Disko de la région de la côte orientale où je pense débarquer. En évaluant à 20 ou 30 kilomètres nos étapes quotidiennes, le voyage ne peut durer plus d’un mois. Emportant des vivres pour soixante jours, nous aurons donc de grandes chances de réussir.

« Les approvisionnements seront transportés sur des traîneaux. Nous emploierons, outre les ski, des raquettes norvégiennes[1], préférables à ces patins sur la neige molle et détrempée. »

Contre ce plan de voyage diverses objections furent présentées dans les journaux. Toutes indiquaient chez leurs auteurs une ignorance profonde de ce dont ils parlaient.

À ce propos il me paraît amusant de reproduire ici un article publié par un jeune explorateur danois au Grönland, dans la revue Ny-Jord (février 1888). Voici le morceau principal du mémoire :

  1. Raquettes formées d’un cercle de bois recoupé à l’intérieur par des lanières de saule. Dans la partie orientale de la Norvège, elles sont employées l’hiver pour les chevaux.