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Page:Nansen - À travers le Grönland, trad Rabot, 1893.djvu/194

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à travers le grönland.

nant Garde. Cette évaluation m’a paru exacte. Comme le pense cet explorateur danois, les craintes des Eskimos proviennent vraisemblablement de l’absence dans ces parages d’un archipel côtier protecteur et de ce que les indigènes doivent passer au pied du mur de glace terminal. En général, les Eskimos ne se hasardent pas volontiers devant les glaciers ; et, après tout, ils n’ont pas tort. Si une embarcation se trouve devant un glacier au moment où le vêlage se produit, elle échappe difficilement au naufrage. Si elle n’est pas écrasée par la pluie de blocs de glace, elle est coulée par les énormes vagues soulevées par la chute des glaçons et les chocs des drifis les uns contre les autres.

Presque tous les grands glaciers sont situés à l’extrémité supérieure de fjords étroits que la masse de glace en mouvement a en partie creusés dans le cours du temps. Les Eskimos s’aventurent rarement au fond de ces baies ; ils ne sont donc pas obligés de passer devant ces grands courants de glace, dont ils connaissent les dangers. Il ne faut pas, par suite, s’étonner qu’ils craignent de doubler un glacier comme le Puisortok.


NOUS FRAYONS UN PASSAGE AUX EMBARCATIONS.
(DESSIN D’E. NIELSEN, D’APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.)