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Page:Nansen - À travers le Grönland, trad Rabot, 1893.djvu/210

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a travers le grönland.

tentes. Dans l’une, deux jeunes filles étaient en train de déchiqueter à belles dents une mouette qu’elles avaient fait cuire. Chacune avait attaqué le morceau par une extrémité et paraissait s’en délecter. L’oiseau était encore couvert de ses plumes, mais elles ne paraissaient pas s’en préoccuper. Quelques femmes ayant remarqué que les Lapons mettent de l’herbe dans leurs chaussures, elles allèrent aussitôt en faire une abondante récolte, qu’elles nous apportèrent en souriant. Nous les remerciâmes de leur amabilité, en leur adressant nos plus gracieux sourires. Elles nous demandèrent alors, par signes, de leur donner des aiguilles. J’avais pris soin d’emporter toute une pacotille d’objets de ce genre, destinée aux Eskimos de la côte orientale : mais, craignant d’être obligé d’hiverner, je ne voulus pas me dessaisir de ces objets de prix. En place, je donnai aux Grönlandaises une boîte de conserves vide. Ce cadeau les ravit, et toutes s’empressèrent d’aller le faire admirer à leurs compagnes. Cette provision d’herbe arrivait juste à point pour les Lapons ; ils n’en avaient plus qu’une petite quantité, et, sans un paquet de foin dans leurs chaussures, ils ne marchent pas volontiers. Néanmoins Ballo et Bavna se répandirent en plaintes amères sur la qualité du cadeau : l’herbe n’avait pas été récoltée, disaient-ils, à l’époque convenable ; elle avait été pendant l’hiver exposée à la gelée, et n’avait point été séchée. Impossible de leur faire comprendre que les Eskimos n’ont pas, comme les Lapons, l’habitude de faire de grandes provisions de ces carex.


campement eskimo du cap bille. (dession d’e. nielsen, d’après une photographie.)

Maintenant il est temps de nous mettre en route, et nous commençons nos préparatifs de départ. Un Eskimo nous demande alors,