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Page:Nansen - À travers le Grönland, trad Rabot, 1893.djvu/275

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départ de la côte orientale. — escalade de l’inlandsis.

Chaque homme est seulement lié par un fort câble à l’avant du traîneau qu’il tire. Si un pont de neige venait à se rompre sous son poids, il resterait suspendu au-dessus du gouffre par la bretelle du traîneau aussi longtemps que le véhicule ne serait pas entraîné. Quelquefois seulement nous tombons dans des crevasses : mais nous restons suspendus au-dessus du gouffre, à la hauteur des épaules. Nous apprenons bientôt, du reste, à nous arrêter dans ces chutes en jetant nos bâtons ferrés en travers des fentes.


escalade de l’inlandsis. (d’après une esquisse de m. nansen.)

Halte à midi. Le campement est établi sur une petite surface plane entre deux larges crevasses. Le temps est devenu très mauvais. Avec quel plaisir nous changeons de vêtements et buvons du thé ! Nous plaçons les bâtons ferrés et les ski sous le plancher de la tente pour qu’il ne repose pas directement sur la neige mouillée, puis nous prenons place dans les sacs. Les fumeurs ont la permission de fumer une pipe. Sous notre tente nous sommes parfaitement à l’abri tandis que le vent et la pluie font rage dehors.

Pendant soixante-douze heures, du 17 à midi jusqu’au 20 au matin, le mauvais temps nous condamne à l’immobilité. Durant ces trois jours, nous restons blottis dans nos sacs, ne sortant que pour aller chercher des vivres dans les traîneaux. Nous dormîmes presque tout ce temps ; les premières vingt-quatre heures, nous