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Page:Nansen - À travers le Grönland, trad Rabot, 1893.djvu/295

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climat de l’inkandsis.

À mesure que nous avancions dans l’intérieur, le froid devenait de plus en plus vif. Mais, par les temps clairs, le soleil était chaud ; plusieurs jours même la chaleur nous incommoda. Le 31 août, la température s’éleva assez haut pour ramollir la neige et y déterminer un commencement de fusion ; nous avions même les pieds humides. Lorsque le soleil disparut, il se forma une couche de verglas sur laquelle les traîneaux glissèrent admirablement, et il fallut prendre des précautions pour ne pas avoir les pieds gelés. Souvent, au bivouac, quand nous relirions nos chaussures, il y avait au fond une couche de glace qui faisait adhérer
halte de la caravane.
(dessin d’a. bloch, d’après une photographie.)
les chaussettes à la semelle.

Plus tard le soleil ne fut jamais assez chaud pour déterminer une fusion partielle de la neige, cependant il nous envoyait encore une chaleur agréable. À la hauteur où nous nous trouvions, l’air était sec et raréfié, par suite les rayons solaires traversaient l’atmosphère sans l’échauffer et agissaient directement. Ainsi, le 1er septembre, un thermomètre à alcool placé au soleil s’élevait à +29°,5 C. alors que la température de l’air n’était que de —3°,6C. Dans la nuit nous avions eu —16° C.

Le 3 septembre à midi, un thermomètre exposé au soleil sur un traîneau marqua +31°,5 C. ; à la même heure, la température de l’air était de —11° C.

La grande différence observée entre les températures de l’air à l’ombre et celles prises au soleil provient du rayonnement particulièrement intense dans l’air raréfié et sec de ces hautes altitudes. Le voyageur norvégien Hansten avait fait du reste une observation