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Page:Nansen - À travers le Grönland, trad Rabot, 1893.djvu/336

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a travers le grönland.

tout d’abord construire un canot long et étroit, croyant qu’une embarcation de ce genre serait plus légère à ramer. Pour obtenir cette forme, de nombreuses coutures auraient été nécessaires afin d’ajuster nos prélarts, aussi Sverdrup fut-il d’avis d’employer comme coque la toile servant de plancher dans la tente en lui donnant simplement la forme d’un canot et en coupant les parties qui n’étaient plus imperméables. Malheureusement nous n’étions pas bien outillés pour la couture de la toile à voile, et le travail avança lentement. Nous étions en outre incommodés par des milliers de petites mouches. Impossible de se débarrasser de ces insectes. Elles étaient encore plus désagréables que les moustiques sur la côte orientale. Pendant un moment j’aidai les autres à coudre la coque du bachot, mais dans cet art j’étais loin d’être aussi habile que Sverdrup et Balto. J’abandonnai alors la partie et m’en allai couper dans les taillis des bois destinés à renforcer les bordages. Ces taillis atteignaient la hauteur d’un homme, et en élevant les bras j’arrivais tout juste à leur sommet. Plusieurs présentaient un tronc épais, quelques-uns avaient même, à la racine, la grosseur de la cuisse. La plupart étaient noueux et contournés ; par suite il était assez difficile de trouver du bois de construction. En cherchant bien, je réunis cependant les matériaux dont nous avions besoin ; les branches que je coupai n’étaient ni droites ni unies, mais en pareille circonstance il faut se contenter de ce que l’on a. Dans la soirée l’embarcation fut terminée. Elle mesurait une longueur de 2,56 m, une largeur de 1,42 m et avait une profondeur de 0,61 m.

Il s’agissait maintenant de fabriquer les rames. Des branches fourchues que l’on recouvrit de toile à voile servirent de feuilles aux avirons, et pour les tiges nous utilisâmes nos bâtons en bambou.

Le lendemain 28, Balto nous quitta pour aller rejoindre dans le haut de la vallée nos camarades partis à la recherche des bagages.

Vers midi les rames sont prêtes. Nous dînons, faisons un paquet de la tente et des sacs de couchage, le chargeons de pierres pour qu’il ne soit pas enlevé par le vent, et embarquons nos bagages dans le canot. Nous emportons deux sacs, contenant des vêtements, une chemise, des bas, des chaussures, des caleçons, des gants imper-