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Page:Nansen - À travers le Grönland, trad Rabot, 1893.djvu/377

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Un mois avant Noël commencent les préparatifs de la fête. Les femmes sont affairées à la confection de vêtements neufs, toutes préparent des kamikkes, des pantalons finement brodés pour le grand jour. Dans chaque famille, du petit au grand, on travaille en vue de la fête. Comme dans tous les pays de la terre, les Grönlandaises potinent entre elles de leurs chiffons. Dans son vêtement de fête, la Grönlandaise a un air de coquette élégance absolument étonnant ; à côté d’elle, les Européens paraissent empruntés, et, dans bien des cas, une comparaison entre les beautés de nos pays et celles du Grönland ne tournerait pas à l’avantage des premières.


godthaab. (d’après une photographie de m. c. ryderg.)

En même temps on fait des provisions pour pouvoir se régaler le jour de Noël. À cette époque, les Grönlandais économisent autant qu’un Eskimo peut le faire, et, pour se procurer quelque argent, ne reculent même pas à vendre quelques-uns de leurs effets ou de leurs engins. Ils achètent principalement du café, boisson pour laquelle ils ont un goût tout particulier, et pendant la fête ils en absorbent des quantités absolument extraordinaires. Cette fête religieuse devient une source de ruine pour les pères de famille et pour tous l’origine d’indispositions.

Chez le directeur de la colonie, les préparatifs n’étaient pas moins grands. Longtemps avant la Noël, Sverdrup, Dietrichson et notre