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Page:Nansen - À travers le Grönland, trad Rabot, 1893.djvu/398

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dants, et en ce moment des bandes de phoques grouillaient sur la glace du fjord. Sur les bords de l’Ameralikjord nos ancêtres élevèrent une de leurs principales colonies au Grönland ; en s’établissant dans ces parages ils avaient bien choisi leur emplacement.

Les Grönlandais sont de très mauvais patineurs ; en descendant une pente escarpée vers Kangiusak, mes compagnons ôtèrent leurs ski et dégringolèrent la montagne en enfonçant profondément dans la neige. Ils arrivèrent seulement une heure après moi au bas de la pente.


hutte grönlandaise au commencement de mai (sukkertoppen).
(d’après une photographie.)

Très tard dans l’après-midi nous atteignîmes l’endroit où nous avions laissé nos kayaks. Nous ne savions l’heure, l’obscurité étant venue et aucun de nous n’ayant de montre. Je désirais atteindre, le soir même, Kornok, où les habitants de Godthaab nous auraient, pour sûr, envoyé un exprès si le navire était arrivé. Bien qu’un de mes compagnons se montrât peu partisan de poursuivre notre voyage, je donnai l’ordre du départ. Peu de temps après, l’obscurité était devenue complète ; de plus, il s’était levé un vent violent d’ouest. Tant que nous pûmes marcher le long de la côte, cela alla bien, mais lorsque nous dûmes traverser le fjord pour atteindre Kornok, la situation ne fut pas précisément bonne. Les vagues brisaient avec violence contre les rochers et dans la nuit il n’était pas facile de les