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Page:Nansen - À travers le Grönland, trad Rabot, 1893.djvu/76

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à travers le grönland.

bond de grandes distances du haut de quelque escarpement : toujours il évite les accidents de terrain qui l’obligeraient à sauter. C’est simplement une gymnastique excellente à mon avis. On apprend ainsi à conserver son équilibre, à gouverner avec sûreté ses patins, et l’on acquiert une grande assurance.


patineur descendant une colline en s’appuyant sur un bâton. (dessin d’eivind nielsen.)

Pour se livrer à cet exercice, on choisit un escarpement du haut duquel on puisse sauter en longueur. Si l’on réussit à s’enlever en l’air au sommet de l’obstacle, on peut parcourir une distance très grande, par exemple 20 à 25 mètres. Il y a même des gens qui exécutent des bonds encore plus longs. Un célèbre patineur du Telemark a, dit-on, sauté un jour 30 mètres. La hauteur du saut varie de 8 à 12 mètres ; cela correspond à peu près à la chute que l’on ferait du second étage d’une maison. Pendant la durée du bond certains patineurs restent droits, tandis que d’autres rassemblent les jambes sous eux. Au moment de toucher terre, on avance généralement la jambe droite en avant en pliant un instant le genou gauche : cela permet de repartir de suite à toute vitesse. C’est l’impulsion que l’on a en arrivant au sommet du monticule, qui permet d’exécuter de pareils bonds. Dans un tel exercice les chutes sont naturellement fréquentes. Vous voyez tour à tour les bras, les jambes et les ski s’agiter dans un nuage de neige, puis bientôt après l’homme se relever. Fort heureusement les accidents sont rares.

C’est un très curieux spectacle de voir sauter un habile patineur. Vous le voyez arriver à toute vitesse au sommet du monticule ; quelques secondes avant d’atteindre l’escarpement, le coureur se ramasse sur lui-même, puis, arrivé devant le gouffre, saute en l’air, parcourt 20 à 25 mètres comme s’il volait, et aussitôt qu’il a