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Page:Nantel - À la hache, 1932.djvu/108

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À LA HACHE

Un geste, faible éclair de l’acier sur le ciel flou, et la hache a touché les tresses métalliques. Tel un boulet, les pins viennent se briser sur le roc, sous moi. Le contremaître sourit, s’étend dans l’herbe et arrache des tiges de foin.

Spectacle inoubliable !

La masse du bois se déplace, surprise, avance d’un coup. Elle approche, se replie sur elle-même, entre les falaises plus étroites et s’effrite aussitôt.

L’élan s’amplifie. Le sol tremble. Des billots plus légers sont pressés dans l’espace, entre des énormes troncs flottants. Ces boas s’emmêlent les uns aux autres, se déchirent. Les arbres du rivage, frappés par cette foudre liquide, tombent dans le gouffre. Leurs racines s’agitent en des secousses d’agonie. Un pan de rocher, haut comme une maison, glisse de sa base, descend une chute et s’immobilise à jamais. L’eau attaque, change son cours, entraînant le bois violé et conquis. Là-bas, une partie du chemin des voitures s’affaisse, avec la grève haute, molle comme un fromage.

Toujours la furie descend. Chevelure épouvantable, gluante et drue, au milieu des houles, changeant de forme et de couleur à toute seconde.

Les dernières billes sont passées. Le calme