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Page:Nantel - À la hache, 1932.djvu/111

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LA DESCENTE DES BILLOTS

Saint-Michel m’a demandé de suivre les équipes, afin d’enregistrer les heures de travail des divers groupes.

Le village blanc, 36 tentes, se déplacera tous les jours. Douze hommes s’occupent à démonter les murs de toile, après le départ des hommes, chaque matin. Quatre voitures transportent le tout plus loin, en six heures.

Et le soir, à cinq milles plus bas, les travaillants fatigués saluent, heureux, leurs demeures graciles, étendues sous le couchant vif, parmi un bosquet jaloux qui les protège contre les caresses d’un vent trop hardi.

La cuisine, longue comme une église, demeure le centre des activités. O’Neil y trône, assis sur un sac de farine. Un diadème en coton blanc protège sa tête de chef.

Il faut voir tout l’orgueil légitime de Charley, autorisé par les contremaîtres, après une conférence de genièvre, à prendre le commandement des plats et des chaudrons. Ici comme dans tout royaume, l’autocratie et la déchéance fleurissent. Voyez ce pauvre Dupuis, prince héritier du Caribou, obligé maintenant de peler des pommes de terre. Et cet autre, grand-chambellan du lac Albert, devenu porteur d’eau. Un troisième regarde avec regret le rouleau à pâte, sceptre qu’il lui a fallu troquer pour la pelle à