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Page:Nantel - À la hache, 1932.djvu/128

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À LA HACHE

Vite, la Cache… Allo… lo… lo… All… Le feu s’en vient comme un cheval à l’épouvante… Moé, j’ai ma couvarte au bord de la rivière, toute parée… J’vas m’écrapoutir dans l’courant… La tour a brûl’ra pas, elle… Et pis, c’t’affaire, j’vas prier l’bon Dieu… Au moment où j’vous parle, j’égraine mon chap’let… Y a pas d’autre chose à faire… Allô… Allô… J’ai peur pour la Cache… Y s’dirige de ce côté et le vent augmente… Si l’téléphone se brise je l’arrangerai après l’feu… Dites-pas ça… Moé brûler ? pas de saint danger… Que l’Ciel vous consarve… Préparez-vous !…

Heures terribles de la forêt ! Les lueurs de la veille se changent en un tout sanglant. Déjà des brindilles de sapins brûlés, des feuilles calcinées, tombent en pluie sinistre, sur le lac. Dans une heure, avec ce vent de tempête, créé et alimenté par le démon roulant, nous serons menacés. Et la nuit qui tombe, pour illuminer davantage cette fin de tout.

Allons-nous brûler ? La question pesante ! C’est dans de telles minutes que l’amour de la patrie, du foyer, de l’épouse, assomment le cœur de toute leur intensité…

Il faut demeurer calme. Mes compagnons sont des braves. Je suis heureux de retrouver