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Page:Nantel - À la hache, 1932.djvu/180

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À LA HACHE

chasseur s’empare d’une bouteille remplie d’eau et se glisse jusqu’au rivage. Il monte sur une roche et en vide le contenu dans le lac.

Avec le bruit révélateur, il jette une troisième plainte, encore plus chaude.

— Ha… ha… aaa… a… a… a… a… a…

Un meuglement terrible, nerveux, nous fait trembler. Notre guide commande, d’une voix ferme :

— Soyez prêts… Pis au diable la peur, hein… Si on l’manque, lui y nous manquera pas. Pas d’blague, c’est sérieux.

On voit les jeunes arbres s’ouvrir, tordus par une trombe. Le mouvement de rafale s’accentue, grandit, descend, par sauts, jusqu’à nous.

— En joue… Et tirez avant qu’il ne se jette à l’eau. Valade est déjà en position, carabine à l’épaule.

Soudain, une tête énorme apparaît au-dessus des aulnes.

— Bang !

Le jeune chasseur a déjà tiré. La bête se cabre, fonce vers nous, approche. Laurence hurle : Cré gué ! puis :

— Bang !

Autre bond du superbe mâle. Je vois le sang qui coule de ses naseaux. Il continue quand même, vengeur, grandiose. Le voilà sur le sable.