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Page:Nantel - À la hache, 1932.djvu/37

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LES CONTREMAÎTRES

sauvages ont fini de fleurir. Les étourneaux achèvent d’écorcer vot’bois pour y trouver des vers et l’eau est ben bonne. J’ai vu d’là glace dans les baissières de la rivière Vermillon… Et saint Paul prétend que c’est l’moment de tout nettoyer.

Après avoir terminé ses remarques, Valade donne une poignée de mains à la ronde, et s’approche de moi.

— Tenez donc !… v’ià l’nouveau commis… Tiens !… tiens !… Ça m’fera sans doute un bon sectaire. (Il voulait probablement dire : secrétaire). On pourra parler des écritures avec lui, j’suppose ?…

Je salue poliment le colosse, qui me dévisage.

La peau de son front est comme un parchemin où les rides tentent inutilement leur empreinte. Les cheveux sont usés au-dessus du front, par le port constant de charges au collier de cuir qui, comme on le sait, repose sur la tête du voyageur. Sa chemise en étoffe, à larges carreaux verts, est retenue par une ceinture en peau de castor. Sur les deux épaules, on voit des lisières de cuir usé. Les barres du canot, pendant les trajets entre deux lacs, y ont laissé leur empreinte. Le vieillard porte un pantalon jaune foncé, avec nouvelle pièce de cuir, au-dessus