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Page:Nantel - À la hache, 1932.djvu/44

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À LA HACHE

et je rêve de marbres sculptés par un Phidias, un Rodin.

La bouche est avide, avec des lèvres fraîches. Des cerises écrasées dans du miel. Et le bleu de ses prunelles taillées au ciseau dans un coin des cieux, à l’heure crépusculaire. L’enfant possède une chevelure rousse, très longue, tombant en trois nattes, sur la nuque, où l’air du large a déposé un semblant d’iode.

— C’est beau, par icite, s’écrie-t-elle soudain.

— Je n’ai jamais rien vu de si charmant, Mademoiselle !…

— Mademoiselle !… ah !… ah !… dites donc « Mamzelle » ; je n’ai jamais été appelée autrement… J’cré que vous allez aimer ça, mon pays… Y vous gagne toujours… C’est l’vent qui vous embrasse la peau, vous dépeigne ou vous mord, lorsqu’y tourne à l’hiver… Les lacs chantent sans cesse… Y se fâchent parfois et grondent alors comme nos chiens, quand ils sentent le gibier… Les arbres des routes, à travers le bois, penchent leurs branches pour vous chatouiller l’visage et l’cou… On rit tout seul… ça sent fort… on marche vite et y faut penser au bon Dieu qui a fait tout ça pour nous…

L’enfant sourit et jette à mon admiration les perles de ses dents.

Je suis ravi. Mes pensées s’égarent… Phi-