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Page:Nantel - À la hache, 1932.djvu/46

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À LA HACHE

tout le jour sur une batture de sable. On y trouve des grenats, des turquoises, petits cailloux lavés, brillant au soleil, parmi des coquillages.

Ce paradis naturel a une superficie de 60 arpents. Le tiers en est déboisé. Les souches sont rebelles. Des poulpes énormes allongent leurs tentacules bruns ou gris, entre lesquels croissent les légumes et le blé.

Le champ de blé laisse les brises tièdes courber la souplesse de ses tiges nouvelles.

À l’orée d’un sous-bois de merisiers, colonnes de vieil argent, huit chiens sont enchaînés. Carlo est déjà avec eux. Le malin secoue la richesse d’une toison épaisse et se fait lécher par les captifs jaloux. Je veux approcher des bêtes. Seize rangées de crocs ont vite fait de calmer mon envie. M. Valade est déjà près de moi.

— Voyez-vous, y vous connaissent pas encore… Y ont du loup, mes chiens, à cause de Mollie… C’était une brave chienne, mais pas mal rôdeuse. Un automne, v’là ti pas qu’a disparaît, après avoir brisé sa chaîne, au lac des Sables… Je la crayais ben morte… Toujours qu’un soir j’entends un vacarme épouvantable dans la montagne… Les loups hurlaient, s’battaient… Mollie revint… Et après les fêtes a m’donna ces beaux chiens-loups. Je les évalue à cent piastres pièce… C’est eux, mon gagne-