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Page:Nantel - À la hache, 1932.djvu/55

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L’ÎLE VALADE

nêtre ouverte. Les cheveux de ma voisine flottent parfois jusque sur ma joue. Quel enivrement ! Un arôme de plante sauvage, acre, prenant, subtil, me captive…

Les poissons d’Osias sont excellents. Le pain est délicieux, pétri dans la huche en cèdre, large comme un berceau.

Le papa mange lentement, cause.

— Vous savez, l’commis, c’est nous autres qui sommes les mieux… J’ai encore avec moé ces deux enfants… Les autres sont accrochés à la terre… Joseph, Alcide et Pacifique élèvent des p’tits à Chenéville, dans le comté de Labelle… Marie, Adrienne, Jeanne et Gabrielle, sont mariées à des habitants, l’une à Saint-Zénon, deusses à Sainte-Mélanie et l’autre dans l’Albarta… Placide s’est fait cabocher à la guerre… J’regrette rien et mon pays méritait ben ça… Damien est vieux garçons… ça m’déplaît… Y voyage… C’est son affaire… Cléophas est garde-feu dans le Lac Saint-Jean… Y veut convoler après les récoltes et s’établir à côté de son beau-pére… Quiens tenez-donc… sarvez-vous de ragoût… La Tine, donne du sirop au marqueux d’temps…

La belle litanie, à laquelle tient l’histoire des nôtres depuis trois siècles…

Je hasarde :