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Page:Naudet - Notice historique sur MM. Burnouf, père et fils.djvu/51

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zends d’Anquetil-Duperron. Il avait, de plus que lui, une traduction sanscrite du Zend-Avesta, mais qui n’était encore qu’une traduction de la traduction pehlvie, tant la connaissance de la parole primitive s’était retirée du commerce des hommes dans une profondeur ténébreuse. Eugène Burnouf aperçut, malgré les altérations subies dans ces transmissions successives, l’identité d’origine entre le zend et le sanscrit. Le voilà sur la route, il ne se reposera pas qu’il n’ait touché le but.

Il veut réhabiliter et d’abord ressusciter une littérature qu’on commençait à rejeter dans le néant des inventions apocryphes et des déceptions ridicules.

Cuvier refait, avec un os maxillaire ou un fragment de tibia, toute une espèce perdue. Eugène Burnouf, résolvant chaque mot du texte zend en ses parties les plus élémentaires, recherchant à la trace, essaisissant les radicaux dans les Védas, dans le grec, dans le latin, et jusque dans les idiomes germaniques, dégageant les accessoires modificatifs et les expliquant par l’analogie, recompose et ranime la parole morte, la pensée ensevelie dans la poussière des nations éteintes. Il a dit à ce livre inaccessible et muet depuis des milliers d’années : « Tu sortiras de ton antique silence, tu seras entendu des races vivantes, » et le miracle s’opère. Demandez aux orientalistes, à ses savants amis, qui ont assisté aux progrès de ce travail immense dans ses résultats, d’une si minutieuse exactitude dans le détail ; demandez-leur par quels prodiges de sagacité et de persévérance il a pu arracher à ce sphinx de l’antiquité des secrets qu’il tenait cachés sous le voile de caractères indéchiffrables et de signes inconnus, déchirer maille par maille ce tissu mystérieux, qui avait désespéré les curieux et pieux efforts de tant de générations, tirer de ces obscures