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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/116

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LE DIABLE AU CORPS.


ma chere. Il était chez moi, l’autre jour, quand mon bijoutier vint me faire souvenir que je lui avais promis cent louis pour le premier du mois : c’était le 29. J’assurai que je payerais ; mais que je devienne honnête femme, si je savais où prendre cent écus. Dupeville le comprit à certain a parte qui m’échappa quand Luisard eut tourné les talons. — N’allez pas, adorable Comtesse, (me dit mon romanesque Dupeville, en s’agenouillant) n’allez pas vous inquiéter si par hasard cette bagatelle n’était point, pour l’instant, à votre disposition. Je vous connais un sincere, un parfait ami, qui s’estimerait mille fois trop heureux si vous daigniez lui permettre de vous épargner un léger embarras… — Comprenant, à mon tour, que l’orateur lui-même était sans doute l’ami sincere, je sentis qu’il fallait bien me garder de lui laisser le tems de réfléchir. J’ai dit qu’il était à genoux : voilà que je l’embrasse avec un transport de tendresse bien théatral. Mes juppes étaient, je ne sais comment, assez relevées…

LA MARQUISE.

C’est que tu n’y fais pas attention, ma chere ; mais ta grande habitude de te trousser est cause que tu n’es jamais assise sans qu’on te voie les jambes presque en entier. L’autre jour, chez la grosse Intendante, quoique ton siege fût un peu bas, tu te mis, sans nécessité, les pieds sur un tabouret ; moi, qui te faisais face, je voyais, sans pouvoir faire autrement, les deux tiers du sillon vénérien et deux moustaches couleur d’or… sur lesquelles, par parenthese,