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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/176

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LE DIABLE AU CORPS.

LA MARQUISE.

Dorénavant je vais bien éplucher mes connaissances.

LA COMTESSE.

Par bonheur pour la société, les Bricon et les Boujaron sont rares. Mais qui pourrait se flatter de ne point voir de roués ?

LA MARQUISE.

Il est vrai qu’on est, aujourd’hui, diabolique !

LA COMTESSE.

Il faut entendre Sourcillac, parfait honnête homme, (je lui dois cette justice) mais plein d’humeur ; il faut l’entendre faire le procès de la génération actuelle. Il prétend que, sous les plus charmans vernis du monde, nos contemporains cachent un degré de scélératesse et d’infamie, dont les siecles les plus corrompus n’ont point fourni d’exemples. Aussi ses diatribes éternelles me causent-elles un ennui !…

LA MARQUISE.

Vous êtes trop bonne. Veuve, jeune et jolie, que faites-vous de ce radoteur ?

LA COMTESSE.

Ce que j’en fais, vraiment ? Un excellent contrat de vingt mille livres de rente, au moins, que je coûte par an au sire au petit pied. Feu le Comte, fort bon diable, précieux tapeur, Dieu lui fasse paix, ne m’a presque rien laissé. Sourcillac, son parent, ou qui