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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/179

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LE DIABLE AU CORPS.

LA COMTESSE.

On ferait un petit mulâtre, cela est clair. — Sourcillac donc était assistant ; il me prit une idée bien folle ! Tu sais que souvent il m’appelle Minette ?

LA MARQUISE.

Eh Bien ?

LA COMTESSE.

Au fort du travail du vigoureux Zamor, je prends la liberté d’interrompre la lecture du Courrier, et dis : « À propos, mon ami ? » Zamor effrayé, de vouloir s’ôter et de battre en retraite : mais je l’enlace, le presse, et lui fais sentir que j’entends qu’il reste là.

LA MARQUISE.

Vous aviez donc perdu l’esprit ?

LA COMTESSE.

Un moment. — « Que veut ma Minette ? » (me répond-on bien gracieusement.) — Justement, mon bon ami, je voulais te prier de ne plus m’appeller Minette, parce que cette nuit j’ai rêvé que j’avais couru les toits, et qu’un gros matou, couleur d’ébene, m’avait violée : je me suis éveillée mourant de peur, et me disant qu’infailliblement j’allais mettre au monde une demi-douzaine de chats d’Espagne. — Rien de plus original ! s’est écrié le bon Sourcillac (riant comme un fou, et laissant aller par la fenêtre sa gazette qui lui échappait des mains,) je veux conter ce drôle

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