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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/248

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LE DIABLE AU CORPS.

LA MARQUISE, émue.

Tu peins si bien tout cela, que je crois le voir : acheve.

HECTOR.

— Fi donc, M. l’Abbé ! que faites-vous là ? — Lui, sans répondre, rabat soudain ma culotte, m’attire plus près de lui, me presse. Déja cette petite figure aveugle, à laquelle je devais avoir l’honneur de faire une perruque, succede au doigt précurseur, et se présente au poste que ce doigt avait reconnu…

LA MARQUISE.

Et tu te laissais faire, petit morveux ?

HECTOR.

D’honneur, Madame, je n’entendais malice à rien : je n’étais que honteux et gêné. Comme tout cela ne me faisait aucun mal, je n’y voyais pas matiere à me fâcher. Mais en somme, je n’étais gueres content de ces vilaines manieres : pourtant, en même-tems que la petite figure, dont on ne permet pas à mes mains de déranger l’agréable position, fait un peu de mouvement pour s’établir davantage, les petits mots flatteurs recommencent, et je sens une bourse se glisser dans l’une de mes mains ; on l’y dépose en me la serrant tendrement… — Tiens, divin Cascaret ! (me dit-on) reçois ce faible gage du sincere attachement que j’ai pour toi… Crois que tout ce que je possede au monde, et ma vie même… s’il fallait…