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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/312

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LE DIABLE AU CORPS.


— J’avais la plus grande envie de savoir à fond toutes vos aventures, mon cher Belamour ; mais vous m’avez si positivement prévenue qu’elles se ressemblent à peu près toutes…

BELAMOUR.

Je me suis donc mal expliqué, Madame ?

LA MARQUISE.

Mais, si j’en juge par ce que vous m’avez raconté du Chanoine-musical, et parce que j’ai eu, hier, la bêtise de vous voir faire avec le Comte, et par l’aveu que vous m’avez fait de votre résignation à tous les événemens de ce genre, je ne sais plus trop si je dois entreprendre la corvée de vous suivre dans tous ces détails, qui ne sont guere le fait des Dames.

BELAMOUR.

Comme il vous plaira, Madame. Il est assez humiliant pour moi d’avouer toutes ces choses-là, pour que je sois enchanté si vous voulez bien m’en dispenser… Hier, j’obéissais : vos ordres seront toujours ma loi… Les divins cheveux ! quelle couleur ! quelle longueur ! quelle quantité ! et d’une douceur à manier !…

LA MARQUISE.

On m’en fait assez volontiers compliment. — Je voudrais pourtant savoir comment, après le premier faux-pas que vous aviez fait dans le monde, vous aurez trouvé la bonne route ? Car enfin, ce n’est pas être sur la voie du bonheur, que d’avoir été suborné par un dégoûtant sup-

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