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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/324

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LE DIABLE AU CORPS.


à la fois à notre état présent et à ce qui venait de se passer.) Laisse-les faire. Je suis bien garce. Dieu merci, (c’était l’autre rieuse qui parlait ;) mais, moi, je ne souffrirais pas, pour cent écus, qu’un sacré… (elle le nomma) qui sort d’un cul, eut l’honneur d’entrer dans mon… (encore le mot technique.)


LA MARQUISE.

Charmant colloque, en vérité !

BELAMOUR.

Ce qu’il y avait, à travers tout cela, de très-plaisant, c’est que cette seconde femelle, qui n’était pas comme vous voyiez, la plus réservée dans ses propos, appuyait sur les mots, et croyait, j’en suis sûr, son ton beaucoup meilleur que celui de son agreste camarade. — Nous nous taisions encore. — Tu te fous de moi, (riposte celle-ci) laisse-moi faire : il nous faut ces deux galopins-là. Si tu es si délicate, je prendrai volontiers, moi, celui dont tu ne veux pas… Sus, sus, blondin. Nous allons voir si j’en aurai le démenti. — À ces mots, nous sommes fort étonnés de voir s’écarter un pan de mauvaise tapisserie, seule barriere entre nous et ces coquines, qui occupaient là derriere un lit pareil à celui de notre boudoir. En effet, celle qui s’était ainsi mis en tête de venir nous assiéger descendit, et, en deux pas, fut sur nous. Il est bon de dire ici ce que nous n’apprîmes qu’alors : c’est que ce cabaret n’était qu’un vulgaire bordel, où ces deux Demoiselles, et d’autres encore, étaient les plastrons attitrés de l’incontinence publique.